
(en référence à la lettre de monsieur Emile Zola, publiée dans le journal L’Aurore le 13 janvier 1898, et animé par la même colère citoyenne)
Lettre à M. Emmanuel Macron
Président de la République
(…)
Nous accusons les gouvernements qui se sont succédés depuis dix ans d’avoir sapé le cadre législatif permettant de contrôler l’implantation des installations éoliennes et d’avoir rogné le droit d’agir en justice de ceux qui la conteste.
Nous accusons le ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement d’avoir laissé, en 2011, la filière éolienne et ses représentants, modifier la réglementation afin de ne plus avoir à se plier aux prescriptions du code de la santé publique qui protégeaient les riverains ; code qui les empêchait alors de déployer massivement leurs machines sur notre territoire.
Nous accusons le ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement d’avoir permis à un petit groupe de spécialistes des éoliennes d’imposer, pendant plus de 10 ans, un projet inachevé de mesure du bruit, contraire au bons sens et aux préconisations de santé publique, mais permettant d’installer les machines à 500 m des habitations et de justifier comme réglementaires les nuisances sonores qu’elles occasionnent.
Nous accusons le ministère de la Transition écologique, face à la multiplication générale des litiges et des plaintes liés au bruit des installations éoliennes, de s’être livré, le 10 décembre 2021, à un artifice réglementaire pour imposer les choix politiques du gouvernement : la « reconnaissance », unilatérale et sans autre explication, d’un nouveau protocole de mesure du bruit, discrètement concocté au sein des commissions ministérielles par les experts des exploitants. Un abus de pouvoir qui visait à lui permettre de s’affranchir dorénavant de tous consensus, toutes validations normatives, toutes consultations des citoyens et enquêtes publiques.
Nous accusons enfin la direction générale de la Prévention des risques (DGPR), le Conseil supérieur de la Prévention des risques technologiques (CSPRT) et le Conseil supérieur de l’Énergie (CSE), d’avoir organisé ces licences exclusives accordées à la filière éolienne tout en amputant les services de l’État des moyens de vérifier les contrôles désormais exclusivement réalisés par les bureaux d’études nommés et rémunérés par les exploitants.
En outre, monsieur le Président,
Nous accusons nos gouvernements de se rendre complice de la destruction massive, directe et indirecte, des patrimoines paysagers, culturels et naturels de notre monde rural et de nos littoraux, propriétés de tous les citoyens et de la nation française. Un héritage et une mémoire qui s’incarnent encore dans l’intérêt collectif à protéger, conserver et transmettre aux générations futures, pour leur permettre de construire un avenir désiré.
Nous accusons nos gouvernements de donner les clés de notre maison aux prédateurs éoliens et à une filière qui se caractérise par ses pratiques portant atteinte aux habitants, à l’environnement et à la démocratie.
En portant ces accusations, nous n’ignorons pas mettre en lumière des faits que nos concitoyens affectent d’ignorer et qui seront contestés. Et c’est volontairement que nous nous exposons.
L’acte que nous accomplissons ici n’est qu’un moyen pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.
Nous attendons.
Veuillez agréer monsieur le Président, l’assurance de notre profond respect.